Comment mon bébé arc en ciel a changé ma vie

 Le 8 mars 2021, l’échographie du deuxième trimestre était planifiée pour la fête des femmes, était-ce un signe sur le sexe qui allait nous être révélé ?

Contrairement à notre fille arrivée deux ans et demi plus tôt, pour qui nous avions décidé de garder la surprise du sexe jusqu’au jour J, pour lui on voulait le savoir. Peut-être pour mieux préparer notre fille à l’arrivée d’un petit frère ou d’une petite soeur, peut-être pour éviter une déception éventuelle d’un sexe préféré qui ne se confirmera pas. Ce qui est certain c’est que nous n’étions pas du tout préparés à ce qui allait nous être annoncé…

Excités par ce moment, une joie immense nous envahissa lorsqu’on nous a dit que c’était un garçon. Puis au moment de se rhabiller, la technologue m’a fait un signe de la main, levée vers le haut paume dans ma direction, pour me faire patienter. Elle souhaite que l’on rencontre le “medecin chef”, surpris mon mari et moi avons échangé un regard inquiet.

- Pardon ! Quelque chose ne va pas ? questionna Nicolas.

- Le bébé semble avoir les os courbés, la taille est plus courte que la normale, j’appelle le médecin, ça sera pas bien long… répond-elle en se levant. Puis elle ajoute, restez comme ça peut-être qu’il voudra reprendre des mesures. Elle quitte la salle d’échographie, nous laissant là, en plan, avec nos milliers de questions. Le pic d’endorphine instantané s’était transformé en inquiétude profonde… sans jamais imaginer que les mauvaises nouvelles allaient s’enchaîner.

Tout s’est enchaîné dans les 2 semaines qui ont suivi. Les examens complémentaires ont révélé une ostéogènèse imparfaite sévère, communément appelée la maladie des os de verre. Les courbes annonçées par la technologue étaient en réalité le résultat des multiples fractures que notre bébé avait subit, seul, au creux de mon ventre, au cours des 5 premiers mois de sa vie. Le verdict fût immédiat, il ne pourra pas survivre à un accouchement naturel. La décision aussi difficile qu’elle soit nous semblait évidente : limiter ses souffrances le plus possible. Nous avons programmé l’interruption médicalisé de grossesse (IMG) une semaine plus tard.

Et c’est ainsi que je suis devenue mamange.

 

Être mamange c’est avoir un enfant que personne ne voit, que personne n’entend.

Être mamange, c’est laisser les larmes être le messager silencieux des yeux qui exprime ce que l’esprit réprime.

Être mamange c’est recevoir une connexion directe avec une force plus grande que soit, qui éveille à la spiritualité en un claquement de doigts.

Mais surtout être mamange c’est comprendre instantanément que le moment présent est le seul cadeau de la vie, puisque la mort peut-être injuste.

Être mamange c’est reconnecter avec la vie, la joie des rires et de la beauté, reconnecter avec son essence propre puisque la création d’un être peut s’envoler sans préavis. Pourtant quoiqu’il arrive notre essence personnelle reste!

Pour moi, ce deuil périnatal fut une révélation. J’ai cessé de courrir dans tous les sens à la recherche du bonheur, d’attendre la reconnaissance du monde extérieur. J’ai ralenti mon rythme par obligation, pour le bon. Le vide je l’ai ressenti, je l’ai vu, je l’ai compris. Puis du vide, j’ai découvert l’espace. L’espace de choisir ce que je voulais dans ma vie. Ensuite de l’espace est venu la foi et de la foi la clairvoyance. Comme une évidence ma voie s’est tracée, ma voix s’est exprimée, j’ai su que j’étais ici pour accompagner les femmes ayant vécues un bouleversement ou une révélation de la vie vers leur reconversion entrepreneuriale. Accompagner les femmes sur le chemin que j’ai marché. Guider pour révéler leur propre foi dans leurs projets d’entreprises.

À toutes les mamanges d’hier et d’aujourd’hui.

En souvenir, pour soutenir celles de demain.

Sophie Chainel | Mamange mars 2021 

So Chainel

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